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Communiqués de presse

Le déverrouillage économique de la télémédecine se fait toujours attendre

La FHF salue la généralisation du cadre expérimental de la télémédecine à tout le territoire, introduite par l’article 47 du PLFSS pour 2017 mais déplore l’absence persistante de déverrouillage complet du modèle économique de la télémédecine tant attendu par les établissements, les équipes soignantes et les patients, à l’heure de la mise en place des stratégies de groupes des groupements hospitaliers de territoire.

Si l’introduction d’une disposition généralisant le cadre des expérimentations des projets de télémédecine, dès le PLFSS pour 2017, à tout le territoire -métropole et DOM- signe une première avancée notoire, l’absence persistante de modalités tarifaires stables demeure un obstacle de taille pour permettre le développement des activités de télémédecine.

Pourtant, au terme de plus de 300 expérimentations portées par les acteurs de santé et dont ont pu bénéficier les patients, aussi bien dans le champ sanitaire que dans le secteur médico-social et social, il devient impératif que ce levier numérique puisse s’intégrer pleinement dans la pratique médicale.

Ainsi que l’illustrent les nombreuses remontées de terrain recensées par la mission FHF-télémédecine, composée de Pierre Simon (ancien Président de SFT-Antel), d’Elodie Hemery (Directrice de l’Institut national des Jeunes Sourds) et de Céline Wasmer (Directrice adjointe du pôle neurosciences de l’hôpital Sainte-Anne) sous le pilotage du Dr. Chhun-Léglise, Directrice Innovation Santé à la FHF, au cours de ces dernières semaines, les dispositifs de téléconsultations et de télé-expertises sont largement plébiscités par l’ensemble des utilisateurs, professionnels de santé et patients.

Le partenariat récemment signé, le 16 novembre dernier, entre la FHF et la Société française de télémédecine (SFT-Antel) témoigne d’ailleurs de la volonté des acteurs à accélérer l’émergence de la télémédecine au sein des établissements pour soutenir un parcours de soins décloisonné et plus fluide pour le patient.

Ces expérimentations traduisent, en outre, un fort besoin des établissements à répondre notamment à la problématique de la désertification médicale de certains territoires, à réduire les coûts de transports évitables, comme en Réunion-Mayotte où le volume des évacuations sanitaires est en constante progression – près de 1000 évacuations en 2015 contre 550 en 2013 et une durée de séjour à l’hôpital  en moyenne 3 fois supérieure à celle des autres patients- faute de modalités tarifaires adaptées des téléconsultations/téléexpertises, et à contribuer à une médecine de qualité par le renforcement de la coopération inter-établissements, grâce au désenclavement des équipes médicales parfois isolées ou éloignées permis par la télémédecine.

Par ailleurs, ces dispositifs apportent une réponse essentielle dans un système de santé souffrant actuellement d’une démographie médicale insuffisamment étoffée dans certaines spécialités pour apporter une réponse médicale de qualité dans des délais acceptables et où l’excellence du soin hospitalier appelle à un modèle de santé, d’une part, plus facilement communiquant entre les acteurs et, d’autre part, plus ouvert vers la Ville et le champ médico-social.

Dans un contexte budgétaire de plus en plus exigeant, le suivi et la prise en charge des 350 000 patients insuffisants cardiaques chroniques, représentent, par exemple, près de 2 Mds € de coûts pour l’assurance maladie chaque année alors que le dispositif de télésurveillance, avec une réduction de moitié des hospitalisations de ces patients, conduit à un gisement économique de près de 850 M€/an sur cette seule pathologie et si l’on tient compte de l’investissement nécessaire du dispositif.
La télémédecine constitue le levier indispensable de transformation opérationnelle du système de soins à déployer sans plus tarder, pour accompagner les dynamiques actuelles de recomposition de l’offre hospitalière dans le contexte de nouvelle territorialité en santé, portée par les groupements hospitaliers de territoire.

 
Elle ouvre des possibilités immenses de remodelages innovants et efficients des organisations en faveur du renforcement de la coopération entre les établissements et les équipes soignantes. Elle permet aussi et surtout de soutenir un niveau élevé d’expertise médicale tout en assurant l’égalité d’accès aux soins pour tous les patients.
La FHF tient à alerter sur le risque de prendre un retard irrémédiable au regard des enjeux du numérique que de nombreux pays voisins ont d’ores et déjà intégrés dans leur système de soins.

Sans un déverrouillage réel du modèle économique de la télémédecine, le système de santé français risque, non seulement de passer à côté des enjeux de santé publiques majeurs dans le cadre de la nouvelle territorialité en santé, mais risque, de surcroît, d’accentuer la fracture sociale du numérique en santé avec des ménages qui pourront financièrement accéder à des plateformes médicales payantes et ceux aux revenus modestes qui en seront privés.
Il s’agit, plus que d’un sujet d’innovation numérique, d’une question globale d’éthique et de transformation organisationnelle à l’échelle territoriale que la FHF appelle les pouvoirs publics à se saisir sans délais et qui sera portée prochainement dans sa plateforme de propositions aux candidats pour les présidentielles de 2017.

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